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Les Bohémiens de Basse-Navarre et Soule (Pays Basque) à travers les actes d’état civil, les registres paroissiaux, ou des documents administratifs du 19ème siècle

Nicole LOUGAROT

La cohabitation

En 1766 dans les Etats de Navarre, un texte interdit aux habitants, sous peine d’amende, de donner retraite aux Bohémiens dans leurs maisons, granges, bordes ou autre bâtiment. On peut donc penser qu’au 18ème siècle déjà, les Bohémiens se logeaient dans les bâtiments des habitants du pays. Au 19ème siècle en tout cas, les Bohémiens sont installés, et restent pour de longues périodes dans les mêmes maisons ou bordes de certains villages. Plusieurs familles (souvent en parenté) y cohabitent. Ils sont locataires, mais parfois aussi maîtres de maisons.

Ainsi à Irissarry, les Bohémiens recensés vivent en 1860 dans 4 maisons et 3 bordes. A Bunus, 17 personnes sont recensées en 1860 dans deux maisons : Amailloteguy et Sarraillarteguy. Parmi les habitants de la maison Amailloteguy, on trouve d’autres noms souvent attribués aux Bohémiens du Pays Basque même si la mention n’est pas toujours présente. Ainsi entre autres :

Des habitants de Bunus témoignent aujourd’hui que cette maison de petite taille a été démolie dans les années 40, juste après que le dernier propriétaire, bohémien, ait quitté le village. A Bussunarits, pour la période de 1847 à 1889, plusieurs Bohémiens, vanniers, tondeurs et mendiants sont locataires de la maison Larraburia. A partir de 1867, deux de ces couples (dont les hommes sont vannier et tondeur) sont déclarés propriétaires d’une partie de la maison. Mais d’autres maisons du village (Larraldia, Petitenia, Curutcheta) sont également habitées par cette population, et les familles vont passer d’une maison à l’autre au cours des années, preuve qu’elles vivaient en communauté mais aussi qu’elles étaient sédentarisées dans le village. On peut suivre sur quatre générations deux couples, dont l’un est originaire de Bustince mais viendra s’installer à Bussunarits. Les enfants frère et soeur du premier couple vont se marier avec les frère et soeur du second. Dans le premier couple, le père est tondeur bohémien et la mère mendiante. Dans le second le père est mendiant et la mère ménagère. 2 petits-enfants de ces deux couples vont fonder leur famille à Bussunarits, se mariant à deux mendiantes.

Les groupes ne semblent pas fréquemment bouger et changer de village. Cependant, aucun bohémien n’était recensé dans la commune d’Ispoure en 1860, alors que cette commune est connue aujourd’hui pour sa population bohémienne. Quand j’ai rencontré des personnes d’Irissarry et leur ai parlé de l’importance du groupe de Bohémiens dans leur village, ils ont été étonnés car ils étaient persuadés que les Bohémiens vivaient plutôt dans un village voisin.

Comment sont-ils “décrits” sur les actes quand ils ne sont plus marqués Bohémiens

Boh?miens, Nicole Lugarot

Bohémiens, Nicole Lugarot.

Petit à petit, la mention de bohémien ne va plus paraître sur les actes de la fin du 19ème siècle, laissant la place à des professions exercées par d’autres dans le pays. Seule la profession de vannier va persister un peu plus longtemps.

Déjà en 1858 à Bussunarits, un enfant naît d’un couple de cultivateur et ménagère. Ce couple et leur enfant seront pourtant sur la liste des Bohémiens de 1860.

A Irissarry, le dernier acte portant la mention de “Bohémien” date de 1874.

Très souvent les descendants exercent la profession de “journalier” ou “journalière”, parfois de laboureur. Beaucoup sont aussi devenus sandaliers.

A Menditte en 1866, une fille née à Suhescun d’un Bohémien et d’une Espagnole va se marier avec un sandalier, et il sera seulement dit qu’elle est ouvrière; en 1878, deux sandaliers vont également se marier sans qu’aucune mention n’apparaisse, alors qu’ils sont tous deux fils de Bohémiennes de Basse-Navarre. Un fils de vannier de Menditte est devenu instituteur en Basse-Navarre. Sur l’acte de mariage, le père du marié est devenu laboureur.

Les Bohémiens et la justice

J’ai consulté des archives de la prison de St Palais (pour les années 1832, 1843 puis de1863 à 1868) et du dépôt de mendicité de Bayonne (pour la période de 1860 à 1868). Je n’ai pas systématiquement étudié tous les documents mis à disposition aux archives de Bayonne, puisque mon but était seulement de dégager une “tendance” au 19ème siècle. On va s’apercevoir qu’en Basse-Navarre et Soule, comme ailleurs en Europe, les Bohémiens ont été poursuivis pour les mêmes faits qui leurs étaient reprochés dans tous les territoires où ils passaient : petits vols de bétails ou récoltes et vagabondage avec mendicité.

En 1832, sur un total de 117 arrestations ou les autochtones sont le plus souvent accusés de contrebande ou de fraude, 16 jeunes Bohémiennes (mais sans la mention) ou tondeurs de mulets sont accusés de vagabondage, de vols, de contrebande ou “prévenus d’excès”. 10 sont natifs de Basse-Navarre, 2 de Soule et 4 d’Espagne mais résident en France.

En 1843, sur un total d’environ 70 arrestations pour des affaires de fraudes, de dettes, de bagarres, de vols et beaucoup de reconduites simples à la frontière, 16 paraissent concerner des membres de la communauté bohémienne. La mention de bohémien paraît à 6 reprises : un tondeur de mulets né à Bilbao en Biscaye, un vannier né à Andoain en Gipuzcoa, et quatre femmes nées en Basse-Navarre. 2 tondeurs sont originaires de Legasa et Izaba en Navarre d’Espagne et un vannier est natif de St Jean le Vieux. 7 autres personnes n’ont aucune mention. Certains sont juste accusés de vagabondage, d’autres de vols (de poules, de chevaux ou de moutons).

Parmi les condamnations du premier semestre 1867, 14 personnes sont arrêtées pour mendicité (dont 10 ont des noms bohémiens), 8 pour vols (dont 1 avec un nom bohémien), 2 pour outrage à agent (dont 1 tondeur bohémien) et 24 pour coups et blessures (dont aucun bohémien).

Si l’on s’intéresse à une période plus longue :

- La plupart des Bohémiens sont condamnés pour vagabondage et mendicité, parfois par famille entière. En mars 1860, un arrêté du préfet interdit la mendicité et demande à chaque commune de donner l’assistance aux indigents invalides qui y sont domiciliés depuis plus d’un an. Une délibération du conseil municipal d’Amendeuix-Oneix approuve cette mesure et précise que grâce à elle “il n’est plus question de secourir la paresse et l’oisiveté de ces légions de Bohémiens et de vagabonds étrangers mais de compatir à la misère et l’infirmité d’une connaissance, d’un voisin, devoir que l’on remplit toujours avec plaisir et empressement...”. A partir de ce moment, beaucoup de personnes vont être arrêtées et détenues une courte période à Saint-Palais. Les invalides ou vieillards sont ensuite remis à leurs villages ou à leurs familles, alors que les autres, dont beaucoup de Bohémiens, sont dirigés vers le dépôt de mendicité de Bayonne, pour une période que je n’ai pas réussi à vérifier. Un document précise que ce dépôt est destiné à la correction et n’est pas un hospice. Voici un extrait de jugement : “P. est un Bohémien chez qui le goût de l’oisiveté est très prononcé, il a besoin de séjourner encore au dépôt pour être suffisamment amendé”. Un peu plus tard, certains mendiants (mais surtout des personnes âgées et des invalides) sont autorisés à mendier certains jours de la semaine dans les petits villages. Une mendiante bohémienne sera elle aussi autorisée par le sous-préfet, car ayant trois enfants en bas âge, à mendier au lieu d’être envoyée au dépôt de mendicité.

- D’autres sont condamnés pour rupture de ban, c’est-à-dire que les Bohémiens étaient parfois éloignés du département par ordre du Préfet mais qu’ils y revenaient. Pour exemple, une Bohémienne se retrouve ainsi retenue en Corse tandis qu’une autre, semble-t-il de la même famille, est assignée à résidence à Bar sur Aube en Champagne Ardennes.

- Une autre partie, moins importante, est condamnée pour vols. Il s’agit souvent de petits vols (par exemple de récolte ou de bois, d’un cheval, de poules, ou de la coupe d’une haie).

Bohémiens

La plupart des Bohémiens sont condamnés pour vagabondage et mendicité, parfois par famille entière.

Certains sont très jeunes : un enfant bohémien de 10 ans est condamné à être enfermé dans une maison de correction jusqu’à l’âge de 18 ans en 1860. Les femmes sont aussi souvent condamnées que les hommes. Dans la période de 1864 à 1874, treize d’entre elles ont d’ailleurs accouché en prison ; d’autres étant emprisonnées avec leur enfant en bas âge. Les documents signalent qu’elles étaient souvent vêtues de plusieurs jupes ou jupons, d’une robe d’indienne (qui veut dire en tissu de coton imprimé) et de deux foulards. Afin de vérifier si la situation était la même en Béarn, j’ai consulté pour la même époque les archives des maisons d’arrêt d’Oloron et Orthez. On trouve aussi un grand nombre de personnes arrêtées pour mendicité, mais le phénomène féminin est absent. Aucun Bohémien n’est mentionné sur les actes.

En 1889, un échange de courrier entre le maire de St Palais et le procureur concernera des “scandales qui auraient été provoqués par des Bohémiennes se livrant à la prostitution à St Palais”. Je n’ai pas trouvé de traces des suites de cette affaire.

Les noms de familles

Sur les actes, et même s’ils concernent la même personne ou les membres d’une même famille, les patronymes peuvent être orthographiés différemment. Ce phénomène est courant dans les enregistrements des actes et ne concerne pas que les familles de Bohémiens Ainsi pour Etcheverria/Etcheverry/Etcheberry, Aguer/Aguerre/Daguerre, Maillo/Maillot/Amaillo, Urruty/Urruti/Urrutia, Recalt/Errecalt/Recalde/Errecalde/Errecart, Barneix/Barnetche, Valdez/Baldes...

Les noms de familles de la liste des Bohémiens de 1860

27 Aguerre/ Daguerre, 1 Aiçaguer, 2 Alvarez, 10 Apaty, 3 Arda?tz, 6 Arozteguy, 1 Balunda?, 9 Barneix/Barnetche, 1 Benta, 7 Carriquiry, 1 Cherborra?, 2 Escos, 2 Espil, 1 Etchegaray, 2 Etchenique, 1 Etchepare, 49 Etcheverry/Etcheberry, 13 Eyherabide, 1 Harotçarena, 4 Ilharregory, 1 Inkale?, 10 Itce, 4 Laplace, 26 Larregain, 2 Maillo, 1 Oros, 8 Ospitaletche, 1 Picaçoury, 3 Recalde/Errecalde, 3 Ruiz, 32 Uhart, 8 Urruty / Urrutia, 5 Valdez/Baldez, 2 que je n’ai pas pu déchiffrer et 3 avec des prénoms féminins seulement.

D’autres noms qualifiés de Bohémiens trouvés sur les actes d’Etat civil , dans les écrous de la prison de St Palais ou dans les listes du dépôt de mendicité de Bayonne au 19ème siècle

Abbadie - Aphatie - Bacho - Bentaberry - Borda - Castilla - Errecalt/Errecart/Recalt - Garcia - Heguy - Lapats - Larraburu - Pierresteguy - Plaça - Silva

D’autres tondeurs ou vanniers au 19ème siècle:

Otheguy - Bidegain - Bordegain - Bernatené - Burgorry - Letchaureguy - Ma?nard - Castet - Tambourin - Rospide - Lacoume dit Irigoyen - Muriet dit Barreix - Basterreix

Au tout début du 20ème siècle, en 1902, le sous-préfet de Mauléon demandera un nouveau recensement des Bohémiens aux maires des communes. Je n’ai pu retrouver que la liste de la commune de St Palais, recensant 22 personnes :

9 Larregain, 2 Eyherabide, 1 Escos, 3 Aguerre, 1 Daguerre, 2 Etcheberry, 1 Etcheverry, 1 Arosteguy, 1 Cabanne, 1 Itcé

En conclusion

Ces recherches sur les papiers administratifs du 19ème siècle éclairent certains points. Il existait bien en Basse-Navarre et en Soule une communauté de Bohémiens tsiganes. Il ne s’agissait pas juste d’un groupe de Basques qui vivaient “comme des Bohémiens”. Leur mode de vie ressemblait en de nombreux points à celui d’autres groupes tsiganes d’Europe. Ils exerçaient les professions de tondeurs de mulets ou vanniers. Les femmes étaient mendiantes et vêtues de plusieurs jupons et jupes sous leur robe, même en été. Plusieurs groupes, installés dans des villages différents, vivaient en lien étroit sur la Basse -Navarre, la Navarre espagnole et la Soule et, bien qu’ils se soient parfois mêlés à la population basque par des mariages, l’endogamie (c’est-à-dire le mariage entre pairs), était plus importante.

En plus de ce que l’on peut trouver sur ces papiers, des témoignages écrits disent que ces Bohémiens employaient jusqu’à il y a peu des mots de vocabulaire en romani (langue des Tsiganes) dans la langue basque qu’ils parlaient. Ils ont appris la langue basque, tout comme les groupes tsiganes ont à chaque fois appris la langue du pays dans lequel ils s’arrêtaient puisque leur économie et leur survie est toujours basée sur un échange avec les autochtones. Ils étaient sédentaires mais il semblerait que certains d’entre eux circulaient en été. Dans la première moitié du 20ème siècle, des habitants se souviennent qu’ils mangeaient du hérisson, qu’ils avaient un incroyable don d’orateurs et du sens de la répartie, que certains dansaient très bien le fandango et qu’ils avaient un sens de la fête assez excessif. Certains de leurs descendants ont encore un type physique reconnaissable: teint mât, cheveux bruns et regard très clair ou noir qui les fait ressembler aux Gitans ou à certains Tsiganes d’Europe de l’Est.

Toutes ces particularités se retrouvent encore aujourd’hui dans de nombreux groupes tsiganes d’Europe qui n’ont pas été assimilés et continuent de vivre en harmonie avec leur culture.

Elles sont trop nombreuses à mon avis pour que ces Bohémiens du Pays Basque n’aient été qu’un groupe influencé par la culture d’un autre à un moment de l’histoire.

Un gitan d’Irun

Un gitan d’Irun, Gipuzkoa.

Dès le 19ème siècle, le choix d’une activité agricole, les mariages mixtes, parfois simplement le déménagement pour s’installer dans une autre vallée, et surtout la prolétarisation, ont fait qu’un grand nombre d’entre eux se sont intégrés dans l’économie de la région, et du même fait “fondus” dans la population. Leurs descendants ont connu, comme beaucoup d’habitants de ce pays, une ascension sociale au cours du 20ème siècle. Parmi eux, beaucoup ne savent pas qu’ils ont des origines bohémiennes.

Mais cette forme d’ “intégration” se poursuit et n’est pas encore terminée au 21ème siècle.

Même si ici, les Bohémiens ont perdu beaucoup de traits de leur culture (traditions ou métiers), il existe encore un groupe vis-à-vis duquel il n’est pas rare encore de nos jours d’entendre des propos racistes.

Je ne parle pas ici, bien qu’elle me gêne aussi, de la manière actuelle et très courante de nombreux Basques de lancer à un ami : “Quel bohémien !” parce qu’il est habillé de manière débraillée, qu’il vit sans le soucis du qu’en dira-t-on, qu’il est excessif dans sa manière d’être... Je parle de celle beaucoup plus méprisante que l’on entend aussi encore et qui est adressée aux gens qui sont véritablement d’origine bohémienne.

Dans ce contexte, il semble évident que rares sont les individus se revendiquant fièrement de cette origine. Je dois avouer que cette situation m’empêche moi aussi d’aller ouvertement rencontrer certaines personnes pour leur demander des témoignages. Je l’ai quand même fait à quelques reprises, très prudemment. Pour l’une d’elles, ma demande concernait l’autorisation de remonter la généalogie de sa famille pour savoir si elle était d’origine bohémienne. Après son aval et cette supposition s’étant vérifiée, je suis allée lui faire part de mes découvertes. Quelques mois après, cette personne n’avait toujours pas osé aborder le sujet en famille.

Pour une autre, qui elle se revendiquait d’origine bohémienne, j’ai voulu mettre en place une série d’entretiens, mais apparemment, elle-même ou des membres de la famille n’ont pas désiré remuer le passé. Cette personne m’a cependant éclairée sur un point : la petitesse des maisons de Bohémiens construites au 20ème siècle dans certains villages (Ispoure, Garindein...) serait en partie due au fait que les Bohémiens sont locataires du terrain sur lequel ils ont construit, donc à la merci d’une rupture de bail.

J’ai aussi tapé aux portes de certains villageois, afin de retrouver les lieux d’habitation des Bohémiens du 19ème siècle. Et là encore les tensions étaient palpables. Certains habitants ont heureusement ouvert leur porte et leurs connaissances sur la question, m’apportant de précieux renseignements, d’autres sont par contre apparus extrêmement méfiants !

Je pense qu’il est temps aujourd’hui de lever cette couverture qui étouffe l’histoire des Bohémiens du Pays Basque. Nier que cette population est installée dans notre petit pays depuis longtemps revient à nier son existence et sa culture. Vu leur nombre mais aussi leur caractère et celui de leurs descendants, je suis pourtant convaincue qu’il existe une certaine “attitude basco-bohémienne”, qui se manifeste encore de nos jours dans le dynamisme du Pays Basque dans les domaines culturel, politique, économique et artistique.

Mais au terme de ces quelques recherches, il reste encore beaucoup de zones d’ombres.

Les actes révèlent qu’il existait un groupe important de Bohémiens sédentaires ou seminomades au 19ème siècle en Basse-Navarre, et que des membres de ce même groupe, moins nombreux cependant, habitaient en Soule.

D’autre part, on remarque que certains Bohémiens, aux noms basques mais aussi parfois espagnols, venaient de la Navarre espagnole. J’ai relevé dans les archives de la prison de St Palais 2 personnes se prénommant “Calo”, et le premier acte de naissance trouvé en Soule en 1683 concerne un certain “du Calo”, qui veut dire noir en langue gitane d’Espagne. Une petite partie des tondeurs de mulets que l’on retrouve du côté français est née en Espagne.

Toute la communauté de Bohémiens de Basse-Navarre et de Soule serait-elle issue du déplacement d’un groupe de Gitans d’Espagne ? Ou d’un groupe de Tsiganes d’Espagne différent de celui des Gitans ? Ces Tsiganes “espagnols” ont-ils rejoint un autre groupe de Tsiganes déjà installé du côté français ? Ou le même groupe était-il installé sur les deux côtés de la frontière ? Je pencherais pour cette dernière hypothèse car dans tous les papiers administratifs, c’est bien la mention de bohémien qui parait et non celle de gitan. Au Pays Basque, on parle aussi de Romanichels ( Erromintxelak ) mais je n’ai pas trouvé ce terme dans les documents officiels.

Il faudrait bien sûr aussi, pour avoir une photographie du Pays basque nord, effectuer un travail de recherches en Labourd. Mais également travailler sur le 20ème siècle car certains Bohémiens du Pays Basque n’ont pas abandonné leur mode de vie tsigane. Certains, au debut du siècle, étaient titulaires du carnet anthropométrique délivré aux nomades et se seraient liés par le mariage à des membres de la communauté tsigane manouche. Parmi eux, à cause de leur origine, quelques uns ont même vécu l’internement dans des camps pendant la seconde guerre mondiale.

Il faudrait aussi pouvoir recueillir des témoignages des Bohémiens eux-mêmes. Je profite donc de cet article pour dire aux personnes d’origine bohémienne, qui savent qu’elles le sont ou qui pensent l’être, que je serais très heureuse si elles me contactaient pour affiner encoré plus ces recherches.

Je voudrais aussi préciser qu’ayant continué parallèlement à ces recherches dans les documents administratifs à m’intéresser aux mascarades qui ressemblent à celles de la Soule en Europe, je suis toujours convaincue qu’il y a là une piste à mieux creuser. Je maintiens en effet l’hypothèse que dans toutes ces régions de mascarades (Catalogne, Italie, Pays basque, Moldavie roumaine...), des membres d’un même groupe de Tsiganes se sont sédentarisés et que cette forme de spectacle leur appartient autant qu’à tous les autochtones de ces différentes régions qui se la sont appropriée. Des Tsiganes se sont installés dans nos régions et leurs traditions ont fortement influencé les nôtres.

Pour terminer, j’espère que ces quelques recherches participeront modestement à donner sa place à un peuple minoritaire que tant de pays se sont appliqués à effacer de leur histoire officielle, et qui, bien qu’ayant laissé tant de traces, arrange tout le monde quand il devient invisible.

Ici comme ailleurs....

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